Il y a 30 ans : l'Angolais Amadeu Antonio assassiné en Allemagne // Reportage dans une des écoles de l'année | PROGRAMME | DW | 04.12.2020
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PROGRAMME

Il y a 30 ans : l'Angolais Amadeu Antonio assassiné en Allemagne // Reportage dans une des écoles de l'année

C’était il y a 30 ans : le 6 décembre 1990 Antonio Amadeu Kiowa s’éteignait. Le jeune Angolais de 28 ans perdait la vie après avoir été attaqué par des néonazis en pleine rue. Il ne connaitra jamais son fils qui naîtra quelques jours plus tard. Mort de la barbarie, Antonio Amadeu, "Gastarbeiter", travailleur dit "invité" d'après-guerre, il est considéré comme l'une des premières victimes des violences d'extrême-droite après la réunification de l'Allemagne.

Racisme quotidien

"Les mois et les années qui ont suivi la chute du mur de Berlin après 1990, c'est-à-dire dans l'Allemagne réunifiée, nous avons malheureusement connu une grande vague de violences racistes et néo-nazies", raconte aujourd'hui Robert Lüdecke, le porte-parole de la fondation qui porte désormais le nom d'Antonio Amadeu et lutte contre le racisme. "Il faut s’imaginer cela : surtout dans les petites villes d'Allemagne de l'Est, des groupes d'extrémistes de droite et de néo-nazis arpentaient les rues. On peut parler d’une terreur quotidienne raciste."

C'est ce qu'il se passe dans la nuit du 24 au 25 novembre 1990. Une cinquantaine d'hommes, des néo-nazis ou encore des skinheades, se réunissent, d'abord pour faire la fête en discothèque. "Puis ils décident de parcourir la ville et de chasser littéralement les noirs", raconte Robert Lüdecke. "Ce fût une vraie chasse : ils les ont pourchassés et battus. Plusieurs Angolais ont été gravement blessés. Amadeu Antonio a été battu jusqu'au coma, dont il ne s'est plus jamais réveillé."

Des hommages à Amadeu Antonio sont organisés chaque année

Des hommages à Amadeu Antonio sont organisés chaque année

Un procès critiqué

Les auteurs de l'attaque seront condamnés devant le tribunal. "Malheureusement, force est de constater que les auteurs de ces actes s’en sont réellement sortis avec des peines très, très légères, c'est-à-dire quelques années de prison et ils n'ont pas purgé la totalité de ces peines", déplore encore aujourd'hui Robert Lüdecke. 

Il remet cela dans le contexte de l'époque. "Toute cette vague de violences racistes a été énormément banalisée et toujours justifiée par des déclarations telles que « Oui, ce sont des jeunes, mais ils n’ont pas de boulot… Après la réunification, ils n'ont aucune perspective, ils sont frustrés et ils doivent laisser sortir leur colère». Cette attaque meurtrière a donc été minimisée, à tel point que, quelques années plus tard, l'un des principaux auteurs qui a été impliqué dans le meurtre d'Amadeu Antonio, a aussi été impliqué dans un autre meurtre à motivation d'extrême droite."

Des dizaines de morts depuis 1990

Trente ans après ce meutre, le racisme n'a pas disparu en Allemagne. "Il existe encore en 2020 des zones dites "no go", dans lesquelles des personnes dont on voit qu’ils sont d’une minorité, bien sûr principalement des Noirs, mais aussi des réfugiés, par exemple, ou des musulmans, des juifs… Où ils ne peuvent pas se sentir en sécurité", insiste Robert Lüdecke, qui s'en prend notamment au parti d'extrême-droite AfD. "On voit comment le milieu violent de l'extrémisme de droite rejoint le milieu plus intellectuel et plus intelligent de l'Ouest et siège maintenant aussi au Bundestag." 

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Néanmoins, les réactions sont aujourd'hui différentes."À l'époque, personne ne se souciait de savoir si les gens étaient tués à cause de leur couleur de peau, de leur origine ou de leur religion. Et cela a énormément changé", confirme Robert Lüdecke.

Un milliard pour lutter contre le racisme

La semaine dernière le gouvernement fédéral annonçait débloquer un milliard d’euros pour lutter contre le racisme. De l’argent pour financer des projets internationaux de recherche, de travail de mémoire sur le colonialisme, développer des programmes culturels. Le  renforcement de la coopération entre les autorités de sécurité, le pouvoir judiciaire, l'État et les organisations de la société civile est aussi évoqué.

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Un groupuscule d’extrême-droite violent a été aussi interdit en ce milieu de semaine en Allemagne, le quatrième cette année. Près de 200 policiers ont été mobilisés à travers le pays pour des perquisitions. Des armes et des objets de propagande tels que des croix gammées et des drapeaux nazis ont été saisis.
 

→ "Die Ballade von Antonio Amadeu Kiowa" de Konstantin Wecker, compositeur et chanteur allemand, date de 1993. Le chanteur parle à son ami fictif du nom de Willy, tué par des extrêmistes de droite. Un hommage à "Amadeu, l'Angolais, battu et tué parce qu'il était noir". 

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Les méthodes particulières de l'école Marie-Kahle de Bonn 

À l'école Marie-Kahle, les élèves organisent une partie de leur emploi du temps comme ils souhaitent

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Dans la deuxième partie de Vu d’Allemagne, nous vous emmenons dans une école allemande pas tout à fait comme les autres. Une Gesamtschule, une école pour les élèves qui ont terminé le primaire, vers 10 ans. Basée à Bonn en Rhénanie-du-nord-Westphalie, elle fait partie des 6 "écoles de l’année". Un prix décerné par des médias et deux fondations pour des établissements qui se distinguent dans leur diversité, la qualité de l’enseignement ou la vie à l’intérieur même de l’école… À Bonn la Marie-Kahle Schule est justement une école bien particulière et pleine de vie. 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.

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